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Cimetière du Vaudelnay

Une visite au Vaudelnay à François Cevert

par | Oct 6, 2025 | 4 commentaires

Je ne suis pas très « cimetière ». Et pourtant, en passant non loin du Vaudelnay, petit village angevin, je réalise que je ne peux pas ne pas m’arrêter. Je modifie mon trajet et immobilise ma voiture sur la castine du petit parking attenant au monde de l’au-delà.

Pierre Ménard – texte & photos

Le ciel d’Anjou de ce début septembre est éclatant, bien plus que celui du sombre 11 octobre 1973. Je marche le long du mur en pierres et pousse la grille. Exposées toute l’année aux vicissitudes climatiques, les grilles des cimetières possèdent une forte propension au grincement métallique glaçant. Celle du Vaudelnay ne fait pas exception à la règle.

Je sais que ce que je cherche est adossé à un des murs d’enceinte. Je commence par celui du fond. L’inspection des sépultures n’ayant rien donné, je poursuis ma tournée pour finalement arriver sur le dernier parapet, celui du nord-ouest, où je remarque tout au bout un petit médaillon en bronze scellé dans les pierres. Je suis arrivé.

La plaque de marbre noir est assez sobre, surmontée par quelques inévitables objets de ce qu’on appelle « art funéraire », appelant au souvenir éternel. Des plantes en pot décorent simplement l’espace, tout est parfaitement soigné et taillé : ceux qui reposent là ne sont d’évidence pas oubliés.

Plus surprenant, un bouddha à la tête ornée d’une fleur en émail baisse les yeux en signe de protection. Posé sur la pierre sombre tachetée, un cœur où est gravé : In loving memory of someone very special, indique une douleur jamais apaisée. Dans le coin opposé, une drôle de monoplace désuète donne une indication sur l’identité d’une des personnes gisant dans ce caveau familial.

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Je ne peux m’empêcher de repenser à ces quelques photos de mauvaise qualité, publiées le lendemain du 11 octobre 1973 dans un quotidien du Maine-et-Loire. On y voyait un champion du monde et sa femme devant cette dernière demeure, les épaules basses et le dos courbé par le poids du chagrin. Le texte de l’article précisait que l’homme s’était effondré et avait dû s’éloigner, soutenu par son épouse.

Je ne suis pas resté très longtemps, quelques minutes tout au plus. Je voulais juste voir où « il » était enterré. J’ai refermé la grille, qui a couiné à nouveau, suis remonté dans ma voiture et ai mis le cap sur une destination plus illuminée. Je ne suis pas très cimetière. Et pourtant…

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About Pierre Ménard
Illustrateur de formation et passionné de Formule 1, il collabore à la revue Auto-Passion de 1993 à 2001, ainsi qu’à l’annuel L’Année Formule 1 de 1996 à 2013. En 1997, il participera par le graphisme au début de l’aventure Prost Grand Prix. En 1999, Pierre Ménard produit la Grande Encyclopédie de la Formule 1, aux Editions Chronosports, ouvrage réédité à quatre reprises. Il est également le co-auteur, avec Jacques Vassal, de biographies sur Juan Manuel Fangio, Stirling Moss, Alberto Ascari, Niki Lauda, Ayrton Senna et Alain Prost dans la collection Les légendes de la Formule 1, toujours aux Editions Chronosports. Il a également collaboré à l’élaboration du livre de Jean-Claude Baudier La magie du diorama, aux Editions du Palmier. En tant que journaliste historique, il écrit dans le magazine Automobile Historique de 2001 à 2005, et depuis 2012 dans Grand Prix. Il a rejoint feu Mémoire des Stands en 2008 et fut associé à l’aventure Classic COURSES dès septembre 2012.
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