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Nevers Magny-Cours

Nevers Magny-Cours

par | Juin 12, 2021 | 9 commentaires

Motor Stadium Jean Behra, Magny-Cours près Nevers, Nièvre, le 28 mai 1961.

Bravant un front froid abattu sur l’Europe et causant des gelées matinales rarement observées à cette époque (dont on se demande dans quelle mesure elles n’ont pas pesé sur un destin à Montlhéry trois jours plus tard), quelque dix mille spectateurs ont acquiescé à l’appel d’un homme, mains dans les poches, dûment costumé comme il sied à un édile local, fût-il de cette rude et laborieuse extraction rurale nivernaise, Monsieur le maire de Magny-Cours, à gauche.

Jean Bernigaud est beaucoup plus que le maire de Magny-Cours. Il est l’homme qui va donner le départ du « 1er Circuit de Vitesse », première course automobile jamais organisée sur le circuit qu’il a arraché à son sol. Paysan, fils de paysan, Jean Bernigaud est passionné par la vitesse. C’est après avoir assisté aux 12 Heures de Reims en 1954 que l’idée lui vient de monter une épreuve analogue chez lui, idée que le carnage survenu au Mans l’année suivante repeindra en noir.

Il lui faudra sept ans de négociations, tractations et constitution de réseaux d’influence pour que naisse un circuit automobile sur des terres sises entre Magny-Cours et Saint-Parize-le-Châtel, impropres à l’agriculture en raison des vestiges d’un grand hôpital militaire américain édifié pendant la Première Guerre mondiale.

Récompenses de l’immense effort accompli, les capots de deux Cooper T56 du Ken Tyrrell Racing, aux mains du sud-africain Tony Maggs et du rhodésien John Love occupent la première ligne de la finale des Formule Junior. Ils finiront dans cet ordre, les grands animateurs du championnat 61 de cette antichambre de la F1, à l’époque.

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Soixante ans jour pour jour après, tous ces hommes sont morts. Le troisième sur la grille de départ survit. Le museau à bande à damiers trahit sa Lotus 20 et son état-civil : Henri Grandsire, qui peut-être ce matin murmure ces mots magiques : I was there. Soixante ans après, we’ll be there aux Classic Days qui célébreront le mois prochain l’héritage laissé par Jean Bernigaud, personnage hanté par les années terminées par 1 ; né en 1921, mort en 1971 et connaissant son jour de gloire le 28 mai 1961.

Image © Le Circuit de Magny-Cours, 50 ans de passion mécanique, par Jean-Louis Balleret, La Fabrique-Nevers, 2011.

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About Patrice Vatan
Je suis né à l’automobile entre les jambes de mon père. Mêlés à la poussière soufflée sur la piste de Ain Diab par le vent du large, ce sont des souvenirs quasi post-utérins qui remontent, flashes rouges émis par les Ferrari, les seules auto dont je me souvienne lors du Grand Prix du Maroc 1957, hors championnat mais nullement sans saveur. Vision au ras du sol, comme filmée par Walt Disney lorsqu’il s’adresse aux enfants. Huit ans plus tard une jambe cassée m’envoyait au lit et je dois à la couverture du Sport-Auto de juin 1965 – Jean Guichet sautant dans sa Ferrari 275 P -, que m’avait offert une voisine pour me distraire, ma première vraie émotion automobile à l’état conscient.
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