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Lauro Malavolti

Le dernier ami avant la fin du monde. Rétromobile, mercredi 5 février 2020.

par | Fév 15, 2021 | 1 commentaire

C’était il y a un an, un siècle, une éternité. Une éternité que les amis partagent jambon à l’os et histoires d’autos au cours des grand-messes parisiennes, depuis les premiers Salons de la voiture de course jusqu’à l’ultime Rétromobile d’avant-guerre.

Le virus chinois circulait déjà dans les têtes mais n’avait pas déclaré la guerre en France, éventualité qu’écartait, forte de son expertise de ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Un brillant diagnostic qui ne ferait nul obstacle à son intégration, quelques mois plus tard, à la haute hiérarchie de l’OMS. Comme si Robert Choulet avait été hissé à la tête de Matra-Sports après avoir dessiné la 640, comme si Andrea de Cesaris avait été élu à la tête du GPDA.

Ministre de la République c’est n’être responsable de rien, coupable de rien, c’est faire rimer République et tragique. Commettre une faute ne vous fait pas sortir de la route mais vous propulse dans la catégorie supérieure.

Sortir de la route est impensable pour les amis chaleureusement unis dans la touffeur du Hall 1 du Parc des expositions. Leur engagement mécanique s’arrime à un univers technique qui bannit l’à peu-près, dont la moindre erreur de jugement est sanctionné par la Sorcière aux dents vertes. Les seuls ministres qu’ils envisagent ne sortent pas des Grosses Têtes, comme Roselyne Bachelot, mais des Arts-et-Métiers comme François Castaing, de Centrale comme Jean-Louis Caussin, de l’ENIM comme Denis Chevrier, de l’ESTP comme Georges Martin, de l’INSA comme André de Cortanze.

Bref. Les amis se côtoient dans une chaude amitié remontant, pour certains, à près de cinquante ans. Une architecture mentale commune, une espèce de densité intérieure, difficilement définissable, les lie, même si les personnalités, les apparences font de chacun un univers en soi. Sur la gauche : l’indispensable Gérard Gaud, photographe hors norme, hors statut, dépassant largement du cadre ; le précieux et encyclopédique Christian Magnanou ; Jean-Paul Orjebin, l’honnête homme au sens dix-huitièmiste. En bas à droite, le subtil mais costaud Pascal Bisson, inventeur d’une discipline nouvelle, la sociautologis.

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Un homme manque à cette liste, le petit personnage fluet, à côté de Pascal, que Jean-Paul avait convié à nos agapes. Dans un italien traduit par Jean-Paul, l’homme déclarait, l’air de rien, avoir tenu pendant près d’un demi-siècle un restaurant au 78 Viale Trento Trieste à Modène.Viale Trento Trieste… Au 11 de cette voie mythique Enzo Ferrari installait son officine en 1929. Ristorante Da Lauro : les cantines de Ferrari et Maserati.

Et Lauro prit la parole. Quand des types du calibre de Lauro prennent la parole à Rétromobile, les autres types l’écoutent. Un authentique bottin mondain de l’épopée Ferrari et Maserati défilait sur ses lèvres. Lauro Malavolti, le dernier ami avant la fin du monde.

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About Patrice Vatan
Je suis né à l’automobile entre les jambes de mon père. Mêlés à la poussière soufflée sur la piste de Ain Diab par le vent du large, ce sont des souvenirs quasi post-utérins qui remontent, flashes rouges émis par les Ferrari, les seules auto dont je me souvienne lors du Grand Prix du Maroc 1957, hors championnat mais nullement sans saveur. Vision au ras du sol, comme filmée par Walt Disney lorsqu’il s’adresse aux enfants. Huit ans plus tard une jambe cassée m’envoyait au lit et je dois à la couverture du Sport-Auto de juin 1965 – Jean Guichet sautant dans sa Ferrari 275 P -, que m’avait offert une voisine pour me distraire, ma première vraie émotion automobile à l’état conscient.
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