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GP d’Italie 2019 par Johnny Rives

par | Sep 10, 2019 | 18 commentaires

Parmi les plus grands de l’histoire

 La masse colorée de la grande tribune, à gauche, ne le distrait pas. Il ne la voit pas. Il la sait là, agitée, joyeuse. Mais n’y prête surtout pas attention. Tout concentré qu’il est sur le point de freinage à ne pas manquer. Lancé à 80 mètres par seconde, pas le droit à la plus infime hésitation. Elle serait fatale à cause de ce fuselage argenté qui, collé à son sillage, le harcèle sans répit. Ses mains agissent avec la même promptitude que son regard. Tous les sens à fleur de peau. Dégringoler les rapports jusqu’en deuxième. Et une fois, sur un fil, la chicane avalée, accélérer, accélérer ! Le plus fort possible jusqu’au prochain obstacle. Juqu’au prochain point de freinage à respecter avec la même précision. Après quoi ce sera Lesmo. Puis la « variante » Ascari. Puis la Parabolique. Toujours avec cette précision rigoureuse pour freiner très tard. Mais pas trop tard. Pour tenir bon face à la pression. D’abord celle d’Hamilton. Puis celle de Bottas, avec leurs fuselages argentés.

Ces manœuvres, Charles Leclerc les a accomplies cinq fois à chaque tour. Pendant 53 tours. Pour décrocher une victoire grandiose. Plus encore que celle de Francorchamps, une semaine plus tôt. Une victoire qui confirme son accession au cercle des plus grands pilotes de l’Histoire de la course. Chapeau !

Johnny RIVES.



Résumé vidéo de la course avec f1.com
https://www.formula1.com/en/latest/article.race-highlights-2019-italian-grand-prix.1mY9sB3h75WmMuiUytsu8R.html


Sur un fil

GP Italie 2019
GP Italie 2019 – Charles Leclerc – Ferrari SF90 @ DR

Meilleure que les Mercedes, la Ferrari de Leclerc à Monza ? La question peut se poser. Mais comment y répondre ? Oui ? Non ? Elle a gagné avec un très mince avantage – moins d’une seconde. Au terme d’un sprint d’une heure et quart au cours duquel le jeune Monégasque n’a pas pu être pris en défaut même lors de ses (rares) erreurs. Les Mercedes roulaient avec plus d’appui aérodynamique. Leur finesse compensait cet inconvénient. Et l’aspiration de la Ferrari faisait le reste. Elles avaient, grâce à leurs ailerons plus braqués, plus de stabilité aux freinages. Et une meilleure vitesse de passage à Lesmo et dans Ascari. Mais insuffisamment pour avoir la Ferrari à leur merci. Les meilleurs tours en course ne permettent pas d’y voir beaucoup plus clair. Car ils sont l’apanage des deux pilotes ayant changé deux fois de pneus (Hamilton et Vettel) sur ceux qui se sont contentés d’un seul changement (Bottas et Leclerc).

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En outre Hamilton avait des pneus « tendres » (rouges) pour sa performance (1’21’’779) quand Vettel (1’22’’799) n’avait que des « mediums » (jaunes). De même, entre Bottas (1’22’’859) et Leclerc (1’23’’009) la différence (15/100e) peut s’expliquer par le degré d’usure moindre du Finlandais qui avait mis son second train de pneus sept tours après le Monégasque. Au crédit des deux grands battus de Monza, on soulignera la difficulté qu’ils rencontrèrent pour sauver leurs pneus en se trouvant dans le sillage de Leclerc, ce qui les privait d’appui dans les passages en courbe les plus rapides – tous deux en firent la remarque après la course. Tout cela confirme bien que la victoire de Charles ne tint à pas grand-chose. Pour nous, elle tint surtout à une exceptionnelle maîtrise nerveuse de Leclerc. Que, malgré leurs généreux efforts, ni Hamilton ni Bottas ne purent mettre à mal.

Malheureux Vettel

GP Italie 2019
GP Italie 2019 – Ambiance @ DR

 Bien plus que les Mercedes, le grand perdant de ce GP d’Italie a été Sebastian Vettel. Désespérément lancé à la poursuite du trio de tête, dont il soutenait le rythme avec difficulté, l’Allemand ne put éviter ce tête-à-queue dans la Variante Ascari qui devait lui coûter si cher – un arrêt interminable pour changer l’aileron avant endommagé, à quoi s’ajouta un « stop and go » de 10 secondes pour sa dangereuse remise en piste ayant coûté un tête-à-queue à Lance Stroll. Lequel devait commettre une faute identique au détriment de Pierre Gasly, dont il ne fut puni que par un « drive threw » qui lui coûta beaucoup moins cher.

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Vous avez dit deux poids, deux mesures ? On aimerait que les commissaires sportifs, toujours aussi imprévisibles, nous éclairent sur ce point. Des commissaires qui, par parenthèse, se montrèrent particulièrement indulgents vis-à-vis de Leclerc lorsqu’il manqua la chicane. Ce dont on les remercie. Preuve que c’est bien quand ils s’abstiennent qu’ils sont appréciables. Pour en finir avec les fautes de Vettel et Stroll, on ne les accablera pas. Car les carénages latéraux des habitacles des F1 ne leur permettaient pas de voir si un autre pilote ou non arrivait quand ils reprirent la piste. Un point du règlement technique à revisiter peut-être…

Les Renault au-dessus de la mélée

GP Italie 2019
GP Italie 2019 – Ricciardo – Renault @ DR

 Habituellement, derrière les six F1 dominantes (qui, pour une fois n’étaient que quatre à Monza, par la faute des Red Bull) les courses opposent dans une mêlée échevelée McLaren, Alfa Romeo, Racing Point et Renault selon leur forme du moment. Tel n’a pas été le cas à Monza, où les Renault s’étaient déjà extirpées de ce magma en qualification (Ricciardo et Hulkenberg 5e et 6e temps). Allaient-elles afficher le même avantage en course, se demandait-on avec quelque appréhension au vu de leurs performances précédentes ? Eh! bien, pour une fois, ce fut enfin le cas.

Sur un tracé où la vitesse l’emporte sur les qualités routières, Ricciardo et Hulkenberg se sont maintenus avec constance à l’écart de l’habituelle bagarre de chiffonniers, dans laquelle les McLaren ont eu en revanche du mal à tenir leur rang habituel. Sainz aurait sans doute obtenu l’accessit derrière les Renault. Il en fut empêché par une roue mal fixée. Finalement, Alexander Albon en a profité au bénéfice de Red Bull cependant que Max Verstappen (battu d’avance pour avoir dû s’élancer en dernière lignbe) prenait sa « défaite » avec fatalisme. Classé 8e malgré quelques déboires, il marquait les quatre points au championnat du monde lui permettant de précéder encore Leclerc avant d’aller à Singapour. Où il aura sans aucun doute une bonne occasion de prendre sa revanche.

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COTE D’AMOUR ET.. DE DÉSAMOUR !

A Monza, nous avons aimé :

 ***Leclerc 
 ** Hamilton, Bottas, Ricciardo
  * Hulkenberg, Albon, Perez, Renault, l'ambiance

A Monza, nous avons moins aimé :

°°°Vettel, Stroll 
           

Classement « Classic Courses » après le GP d’Italie 2019 :

Nous avons aimé :

22 *  Lewis Hamilton -
16 *  Max Verstappen - Leclerc
14 *  Bottas  
12 *  Vettel
 6 *  Mercedes - Honda - Sainz
 7 *  Norris
 5 *  Albon
 4 *  Kvyat - Ricciardo
 3 *  Ferrari - Red Bull - La pluie - Gasly - Hulkenberg - Renault
 2 *  McLaren - Stroll - Giovinazzi - Perez
 1 *  Stroll - Circuit Gilles Villeneuve - Raikkonen - Alfa Romeo - Grosjean - Kubiça - L'ambiance de Monza

Nous avons moins aimé :

-9 ° Renault 
-8 ° Ferrari - Règlement sportif 
-7 ° Vettel 
-6 ° Haas
-4 ° Stroll
-3 ° Kvyat  - Albon - La mensuétude des Commissaires ( Suite accident Gasly - Albon) - Perez - Ricciardo 
-2 ° Giovinazzi - La sévérité du déclassement des Alfa
-1 ° Le circuit de Melbourne - Grosjean - McLaren - Alfa-Romeo - La safety car - Magnussen
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About Johnny Rives
« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »
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