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GP d’Espagne 2019 par Johnny Rives

par | Mai 13, 2019 | 8 commentaires

 Un élément permet d’atténuer l’ennui né du déroulement répétitif et sans surprise des grands prix. Il est d’ordre historique. Le privilège fourni par la sempiternelle domination des Mercedes est d’assister à du jamais vu. Eh ! oui, jamais depuis la création du championnat du monde des conducteurs (1950) on avait vécu une telle domination. Même en remontant aux périodes originelles, impossible de trouver une aussi forte mainmise que celle de Mercedes en 2019. Même la toute première saison, qui avait vu un triomphe sans partage des Alfa Romeo, il n’y avait pas eu de doublés aussi impressionnants. Dimanche, sur le circuit de Catalunya, Hamilton et Bottas ont avec aisance, sans contestation possible, signé leur cinquième doublé en cinq courses. Du jamais vu ? Maigre consolation. Mais consolation quand même…

Johnny Rives

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COMPARAISONS DIFFICILES…

GP d’Espagne 2019 – Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur permet de confirmer la situation exposée ci-dessus. 1950 ? Toute comparaison avec cette époque ancienne est tirée par  les cheveux – sur les sept épreuves du championnat cette année là, il n’y avait que six Grands Prix, contre vingt et un de nos jours. Et puis chaque équipe pouvait engager trois F1, voire même quatre. Alors les « doublés » ne paraissent pas avoir la même valeur qu’aujourd’hui. Alfa Romeo en avait réussi quatre grâce au concours du troisième pilote de l’écurie, Luigi Fagioli : Farina-Fagioli (Grande Bretagne, Suisse), Fangio-Fagioli (Belgique, France) en ayant été privé par Ferrari à Monaco (Ascari 2e derrière Fangio) et en Italie (Ascari-Serafini 2e derrière Farina).

GP d'Espagne 2019

GP d’Angleterre 1961 – Wolfgang von Trips – Ferrari 156 – Vainqueur @ DR

Deux ans plus tard, nouvelle équivoque grâce à Ferrari cette fois qui avait, faute d’une concurrence digne de ce nom, outrageusement dominé le championnat (ouvert aux seule F2 à cause du retrait d’Alfa) avec la série de doublés suivante : Taruffi-Fischer (Suisse), Ascari-Farina (Belgique, France), Ascari-Taruffi (Grande-Bretagne), et de nouveau Ascari-Farina (Pays-Bas, Italie). On garde également le souvenir d’une écrasante domination : celle de Mercedes (déjà !) en 1955 avec l’irrésistible tandem Fangio-Stirling Moss. Mais il n’y avait que six Grands Prix de F1, donc comment comparer ? Les choses pourraient commencer devenir comparables à partir de 1961, avec huit Grands Prix dans une saison dominée par Ferrari. Sauf que Stirling Moss était là, soufflant avec maestria la victoire aux « rouges » dans ce qui constituait alors deux épreuves de vérité : Monaco et le Nurbürgring.

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ET McLAREN-HONDA EN 1988 ?

Pour tenter d’établir un parallèle avec la situation actuelle, il faut sans doute attendre 1988 et la domination des McLaren-Honda d’Ayrton Senna et Alain Prost qui s’adjugèrent quinze victoires sur seize (Senna 8, Prost 7), mais « seulement » dix doublés, soit un taux de 68,5 pour cent quand Mercedes en est actuellement à 100 pour cent. Ce qui avait impressionné cette année là était l’invincibilité des McLaren. Elle n’avait été remise en question qu’une seule fois. Et assez providentiellement, faut-il convenir : au GP d’Italie, quelques jours après le décès d’Enzo Ferrari, Berger et Alboreto avaient, sous les yeux émerveillés des tifosi, signé un doublé complètement inattendu – Prost ayant été éliminé par un problème mécanique et Senna lors d’une collision avec J.L. Schlesser.

BOTTAS N’A PAS TENU…

GP Espagne 2019

GP Espagne 2019 – Valtteri Bottas – Mercedes W10 @ DR

Au départ de ce GP d’Espagne 2019 Valtteri Bottas paraissait avoir de solides cartes en mains si l’on se référait à l’impression qu’il avait laissée tout au long des essais et surtout en qualification. L’écart creusé sur Lewis Hamilton (plus de 6/10) était tel qu’il s’affichait en grand favori de la course. C’était sans compter sur d’éventuels aléas (difficulté d’embrayage) et surtout sans le sursaut de fierté d’Hamilton. Qui retrouva au bon moment son habituelle motivation. Et lui permit de ne laisser aucun espoir à son nouveau rival.. et néanmoins équipier !

VERSTAPPEN MIEUX QUE FERRARI.

GP Espagne 2019

GP Espagne 2019 – Max Verstappen – Red Bull @ DR

Autre déception du jour : celle provoquée par Ferrari, que l’on savait depuis les essais en grandes difficultés face aux Mercedes. Mais que l’on croyait capables de s’opposer à Verstappen. Ce qui n’a été le cas ni avant la voiture de sécurité (SC) intervenue suite à l’accrochage Stroll-Norris, ni après. Vettel avait audacieusement tenté sa chance dès le départ, affrontant les deux Mercedes dans le premier virage. Cela lui coûta une sévère remise en place par le tandem Hamilton-Bottas, loin de se laisser faire ! Au point qu’encore désorienté dans  le virage n°3, l’Allemand y fut débordé par l’audacieux Max – qui lui fit imparablement l’extérieur pour conquérir une troisième place qu’il conservait encore à l’arrivée. La stratégie tentée par Ferrari d’alterner les efforts de Vettel et de Leclerc pour aller inquiéter la Red Bull demeurèrent vains.

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DERRIÈRE ? LE DÉSERT…

Quelles autres conclusions tirer de ce décevant GP d’Espagne 2019 ? Que derrière les trois équipes de pointe, c’est une sorte de désert ne contenant aucune chance prochaine de surprise. Derrière la 6e place de Pierre Gasly (dont on espère qu’elle constitue un encouragement pour lui, tout en ayant des doutes) les Haas tirèrent pour une fois leur épingle du jeu. Mais sans empêcher leur patron Gunther Steiner, au-delà de la satisfaction d’avoir marqué de précieux points (Magnussen 7e, Grosjean 10e), de « clarifier la situation » concernant le comportement de ses pilotes qui entrèrent sévèrement en contact quand, la SC s’étant effacée après l’incident Stroll-Lorris, Magnussen souffla sans ménagement la 7e place à son équipier (?) français…

Loin derrière tout ça, on n’a pas été sans remarquer les 12e et 13e places de Ricciardo et Hulkenberg avec leurs Renault, une fois encore hors du coup. Si l’on se fie à la 8e place de la McLaren-Renault de Sainz, les difficultés de l’équipe française tiennent plus au châssis qu’au moteur. On voit mal comment elle pourrait se racheter au prochain rendez-vous de Monaco.

 

COTE D’AMOUR ET… DE DÉSAMOUR !

A Barcelone, nous avons aimé :

***   Mercedes
**     Hamilton
*       Verstappen

Nous avons moins aimé :

°°°   Ferrari
°°     Renault
°       Stroll

Classement « Classic Courses » après le GP d’Espagne 2019 :

Nous avons aimé :

********  Lewis Hamilton -
******      Valtteri Bottas - Mercedes
***            Charles Leclerc -  Max Verstappen
*                Lando Norris - Alexander Albon - Perez

Nous avons moins aimé :

°°°°°°°° Renault - Ferrari
°°°         Kvyat
°°           Giovinazzi - Vettel - Haas - Ricciardo
°             Le circuit de Melbourne - Grosjean - Stroll
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About Johnny Rives
« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »
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