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GP Allemagne 1975

par | Sep 16, 2025 | 4 commentaires

Nürburgring, Nürburg, Allemagne, le 3 août 1975

Hier après-midi, alors qu’un Ford Transit en bout d’heures crapahute dans le massif de l’Eifel à la recherche d’une piaule pour ses passagers, un frêle personnage blond au casque rouge déclenche les chronos depuis la tour de contrôle Conti.

Patrice Vatan

Sa Ferrari 312T/22 entame un énième tour lancé ; elle vole à Flugplatz, dévale la descente d’Adenau comme une balle de fusil, enchaîne Hohe Acht, Brunchen, Pflanzgarten sans plus broncher qu’un Solex en Sologne et passe devant son stand en un filé que nul photographe peut fixer : 6’58″6 !

Le mur des 7 minutes au Ring est crevé, plus de 194 km/h de moyenne sur un tour de ce tracé de montagne de 22,8 km tout en montées et descentes, en virages à l’aveugle, en bosses effrayantes.

GP Allemagne 1975 Nürburgring
Premiers tours, Niki ne parvient pas à se défaire de Patrick Depailler © Guy Royer

Hier après-midi, alors que Niki Lauda grave la pole position le plus vite sur le vieux Nürburgring, un loustic nommé Jean Nallet conduit son Ford Transit encombré de matériel photo. C’est un pote de Jean-Michel Sacaze que ce dernier a convaincu d’emmener notre petite troupe au Grand Prix d’Allemagne.

Partis à l’arrache ce samedi à l’aube, nous sommes comme des glands à chercher un hôtel que l’on dénichera enfin à Aremberg, à 20 bornes du circuit.

Passage au bureau de presse pour retirer les pass, obtenir la grille de départ que l’on décortiquera le soir au Gasthaus autour d’un pavé de sanglier aux fruits rouges arrosé de pintes de Hannen Alt, la meilleure bière que j’aie jamais bue.

GP Allemagne 1975 Nürburgring
Passage au bureau de presse pour retirer les pass © Patrice Vatan

Au mitan des années 70, la F1 a atteint un tel niveau d’équilibre, de compétitivité, d’excellence que chaque Grand Prix draine des foules immenses qui en font un Woodstock graisseux.

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Quelque 300 000 fanatiques ont convergé vers le Ring. Des Allemands excités par la pole de Lauda, qu’ils considèrent comme un compatriote, des Italiens qui font leur le Suisse Regazzoni, des Français en nombre espérant la première victoire de Patrick Depailler et accessoirement vibrer à la première sortie de la Shadow DN7 à moteur Matra conduite par Jean-Pierre Jarier, présente mais recluse dans le transporteur UOP Shadow à cause d’un contrat non encore signé.

GP Allemagne 1975 Nürburgring
Jarier finalement sur sa Shadow DN5 © Guy Royer

Mais qui aurait parié un mark sur Jacques Laffite, à part Gilbert Monceau bien sûr, laffitiste irrécupérable qui voit son poulain dans un top team l’année prochaine ?
Et aussi cette fille au drapeau, hissée au sommet du grillage face aux stands, saluant l’inattendue deuxième place du Parisien à l’issue d’une course marquée par les crevaisons et les casses mécaniques.

Mais qui aurait parié un mark sur Jacques Laffite © Guy Royer


Carlos Reutemann triomphe des embûches et derrière, à 1’37″7, un Laffite pourtant 17e au premier tour.
Gilbert en extase dans le Transit du retour.

La fille au drapeau, Liberté guidant le peuple version Ambrozium, je la contacterai par la suite après qu’elle a raconté sa célébrité d’un quart d’heure – due à un encart photo dans Sport Auto – dans l’Équipe.
Nous échangerons des courriers que la folie de la F1 enflammerait davantage que nos sex appeals respectifs. Lettres qui ne résisteraient pas à mon déménagement à Cosne.
Si elle me lit…

La fille au drapeau © Guy Royer

Image © Guy Royer

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About Patrice Vatan
Je suis né à l’automobile entre les jambes de mon père. Mêlés à la poussière soufflée sur la piste de Ain Diab par le vent du large, ce sont des souvenirs quasi post-utérins qui remontent, flashes rouges émis par les Ferrari, les seules auto dont je me souvienne lors du Grand Prix du Maroc 1957, hors championnat mais nullement sans saveur. Vision au ras du sol, comme filmée par Walt Disney lorsqu’il s’adresse aux enfants. Huit ans plus tard une jambe cassée m’envoyait au lit et je dois à la couverture du Sport-Auto de juin 1965 – Jean Guichet sautant dans sa Ferrari 275 P -, que m’avait offert une voisine pour me distraire, ma première vraie émotion automobile à l’état conscient.
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