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F1 2016 : Bakou, tranquille revanche pour Nico

par | Juin 21, 2016 | 18 commentaires

Ce G.P. d’Europe, sur l’improbable circuit tracé dans les rues de Bakou, promettait d’être une course infernale. Ce pronostic tenait à plusieurs constatations. D’abord les incidents à répétition ayant émaillé les essais, et auxquels Hamilton lui-même n’avait pu échapper. Rarement l’on avait connu pareille fréquentation des échappatoires. A cela s’ajoutait l’extrême confusion ayant régné lors de la première course de GP2, le samedi (10 arrivants seulement sur 22 au départ !). Or, rien de ce que l‘on craignait ne s’est produit, le jour J. La montagne a – heureusement ! – accouché d’une souris. Pas l’ombre d’une « safety car ». Pas une bousculade dans ce que le tandem Fébreau-Villeneuve surnomma le «coupe gorge ». Rien. Rarement Grand Prix n’a donné lieu à un déroulement aussi paisible, aussi clair. Et pour tout dire aussi monotone. Nico Rosberg en a profité pour joliment prendre une revanche sur le mauvais sort. Tant mieux pour lui.

                                                      Johnny RIVES.

  • ROSBERG PEUT SOURIRE. –

Depuis le G.P. d’Espagne, Nico Rosberg avait payé l’insolente domination qu’il avait exercée lors des quatre premiers Grands Prix de la saison, et les cent points au championnat qu’il avait thésaurisés : accrochage avec Hamilton en Catalogne (abandon), freinage insuffisamment accordé aux conditions pluvieuses à Monaco (7e), bousculade avec Hamilton à Montréal où il n’avait pas réussi à combler totalement son handicap initial. Bilan : son avance au championnat avait fondu comme neige au soleil. Mais à Bakou, il a renoué avec les conditions qui lui avaient si bien souri en début de saison : pole, départ bien réussi, en tête devant Ricciardo au premier virage.

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baku-4-reup

Et dès lors une cavalcade rapide, régulière et immaculée jusqu’à l’arrivée. Même son changement de pneus ne lui coûta rien. Il possédait 40 secondes d’avance sur Raïkkonen au 20e Quand il passa des « super tendres » aux « tendres » (21e tour) il se retrouva avec une quinzaine de secondes d’avance sur les Ferrari – Raïkkonen ayant entre temps obligeamment cédé sa 2e place à Vettel. Nico n’avait plus qu’à assurer une victoire amplement méritée. Il la cueillit avec son beau sourire, mais sans forfanterie. Il a appris à gagner, désormais. On l’en félicite.

Bakou 2016 rosberg

  • HAMILTON EMBARRASSÉ. –

Pour Lewis Hamilton, qui avait si largement triomphé à Monaco et Montréal, ce G.P. d’Europe était mission impossible. Aux essais, il paraissait pourtant maîtriser les difficultés proposées par le (discutable) circuit de Bakou. Il devança Rosberg dans chacune des trois séances « libres ». Quand soudain, lors des qualifications, tout se dérégla pour lui. En Q1, Rosberg prit les affaires en mains, ce qu’il confirma en Q2 en signant ce qui devait rester le tour le plus rapide du week-end (1’42’’520). Car en Q3, débarrassé d’Hamilton il n’eut plus à forcer pour s’adjuger la pole. Hamilton ? On l’avait senti aux abois quand, à l’instar de Raïkkonen, Button, Grosjean, Hulkenberg, et quelques autres pilotes recherchant désespérément leurs limites (pratiquement tous !), il s’était retrouvé à deux reprises dans les échappatoires. Pour finir, Hamilton nous fit une « Verstappen » en tapant  de la roue avant droite une corde serrée de trop près, cassant net sa biellette de direction. Cela lui coûta de s’élancer en 5e Avec la longue ligne droite du circuit de Bakou (2 km) il aurait pu trouver une alliée pour faire fructifier son moteur Mercedes. Mais non. Il se plaignit abondamment du fonctionnement erratique de sa cavalerie sans que ses ingénieurs puissent venir à son secours – merci au règlement de limiter leur intervention radiophonique. Rosberg eut le même souci mais il ne s’en plaignit pas. Finalement Hamilton dut se satisfaire d’avoir pu défendre sa 5e place devant Bottas, Ricciardo et Verstappen – ces deux derniers ayant dû changer deux fois de pneus.

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Mercedes AMG Petronas F1 Team's British driver Lewis Hamilton steers his car at the Baku City Circuit, on June 17, 2016 in Baku, during the first practice session for the European Formula One Grand Prix. / AFP PHOTO / ANDREJ ISAKOVIC

  • LE BONHEUR DE VETTEL.-

Battu mais visiblement heureux à Montréal, Sebastian Vettel nous a rejoué la même partition à Bakou : sur le podium, une nouvelle fois 2e derrière une Mercedes, il manifestait son bonheur avec le même entrain que s’il avait gagné. Il faudra qu’un jour quelqu’un lui demande des éclaircissements sur ce qui nous apparaît comme un paradoxe : les pilotes de F1 sont dans leur grande majorité des compétiteurs qui détestent perdre. Autant, sur le même podium, on pouvait comprendre la joie du Mexicain Sergio Perez pour qui, une 3e place décrochée au volant d’une Force India peut s’apparenter à une victoire. A l’inverse, l’exultation de Vettel échappait à l’entendement. Car elle n’était pas feinte. L’Allemand y est-il poussé par des informations concernant les progrès à venir des Ferrari, des progrès que l’on lui annoncerait considérables ?

Bakou 2016 perez vettel

 Finalement cette 2e place de Vettel, renforcée par la 4e de Raïkkonen, constitue un bilan relativement inattendu pour la Scuderia Ferrari. On la croyait au 36e dessous à l’issue de la première journée d’essais : vendredi soir, Vettel n’avait que le 8e temps à deux secondes pleines de la Mercedes d’Hamilton. Il était précédé entre autres par les deux Force India ainsi que par la Toro Rosso de Carlos Sainz, propulsée par un moteur Ferrari type 2015. Raïkkonen était encore plus loin (13e position).

 Bakou 2016 xxSamedi matin les choses avaient un peu progressé (Vettel 5e temps, Raïkkonen 10e). Puis en qualif, tout parut se redresser. Certes il y avait encore 1’’2 d’écart entre la pole de Rosberg et le 4e temps de Vettel.  Mais il s’en était fallu d’un souffle que l’Allemand ne soit qualifié en première ligne grâce à la pénalité de Perez – mais Ricciardo veillait au grain et c’est lui qui hérita de la place de l’infortuné Mexicain. Les Ferrari durent se satisfaire de monopoliser la 2e ligne, ça n’était pas si mal. En fin de compte, c’est peut-être d’avoir si bien surmonté les difficultés rencontrées le vendredi qui, peut-être, mit en joie Vettel sur le podium ? Au point d’en oublier que les Mercedes restent loin devant.

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Bakou 201

Illustrations © DR

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About Johnny Rives
« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »
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