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F1 2015 : Le billet de Johnny Rives – Hongrie 10

par | Juil 27, 2015 | 6 commentaires

LA « BARAKA » ET LA SENSIBILITÉ D’UN CHAMPION PAS ORDINAIRE

1.Ferrari, 2. Mercedes, 3.Red Bull-Renault ? On a longtemps cru que le Grand Prix de Hongrie s’achèverait sur cette hiérarchie… surprenante. Une hiérarchie qui aurait surpris encore plus si elle s’était constituée ainsi : 1.Raïkkonen, 2.Rosberg, 3.Ricciardo. Mais voilà, après une indiscutable domination initiale des voitures rouges de la Scuderia, l’une d’entre elles finit par être ralentie, puis arrêtée par un mystérieux dysfonctionnement. Celle de Kimi bien sûr…

Johnny Rives

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Comme souvent depuis le début de la saison, ce coup dur frappa la même victime. Cela aurait pu tout aussi bien être celle de Vettel. Mais non ! L’empêcheur de tourner en rond des Mercedes a été une fois de plus le gentil Sebastian, et non son partenaire décidément maudit. A croire que le toujours jeune Allemand porte en lui ce qu’en football on appelle familièrement la « baraka ». Il s’agit de la chance qui, en dehors d’un grand talent, colle à certains gardiens de but et leur vaut une réputation d’invincibilité. Ces gardiens que les clubs recherchent ardemment. La « baraka », Vettel l’a eue souvent avec lui par le passé. Et dimanche encore elle a participé autant que son éblouissant talent à faire de lui le pilote qui, on le parierait volontiers, fait secrètement fantasmer les responsables de Mercedes F1 dont il a causé le second échec de la saison. Et cette fois en illustrant son triomphe en rendant un hommage ô combien émouvant à Jules Bianchi pas plus tôt franchie la ligne d’arrivée. Cela, élégance suprême, en français. Ainsi, Vettel réussit avec une sensibilité non feinte à adresser au regretté jeune niçois un message encore plus profond et bouleversant que ceux qui lui avaient été rendus jusque là.        johnny rives,sebastian vettel,jules bianchi,grand prix de hongrie f1 2015,dany kvyat,daniele ricciardoNous avons assisté à deux Grand Prix de Hongrie : celui ayant précédé l’accident d’Hulkenberg (intervention de la voiture de sécurité), puis celui qui a suivi après le regroupement général derrière Vettel. Le premier a été d’abord marqué par le double faux-pas initial des Mercedes qui ont perdu en quelques mètres au bénéfice des Ferrari l’énorme avantage qu’elles avaient marqué aux essais. Avec, second coup de théâtre, la rapide conséquence qui en est résultée, un demi-tour plus tard quand, ayant momentanément perdu la maîtrise de leur clairvoyance, Rosberg et Hamilton jouèrent à « Je t’ai vu, moi non plus » comme aurait pu écrire Gainsbourg ! Double hésitation qui se solda, au détriment de lui seul, par un crochet de Lewis dans le décor sans autre dommage que la perte de six places supplémentaires après les quatre perdues au départ !

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johnny rives,sebastian vettel,jules bianchi,grand prix de hongrie f1 2015,dany kvyat,daniele ricciardoCela ne laissait plus que trois candidats pour la victoire : Vettel, Raïkkonen et Rosberg. Et même, s’aperçut-on bientôt, deux seulement. Car il apparut clairement que la Mercedes n°6 était, à raison de quelques petits dixièmes à chaque tour, incapable de suivre le rythme imposé par les Ferrari. La surprise était de taille car, au cours des deux journées d’essais précédentes, les monoplaces rouges ne s’étaient jamais montrées capables de se hisser au niveau des Mercedes. Or, là, elles les dominaient ! Mieux : malgré leur rythme plus élevé, elles sollicitaient moins durement leurs pneus. Cela leur permit de s’arrêter après leurs rivales et de reprendre la piste sans avoir eu à leur céder, fut-ce un bref laps de temps, aucune des deux premières places qu’elles s’étaient arrogées d’entrée de jeu.

Tant et si bien qu’à l’issue des premiers changements de pneus, la hiérarchie était la suivante (24e tour) : 1.Vettel, 2. à 6’’1 Raïkkonen, 3. à 12’’ Rosberg, 4. à 29’’ (roue dans roue) Ricciardo et Hamilton, 6. A 36’’ Bottas etc.

La perspective de la fin de course était rendue alléchante par le choix des pneus que chacun des prétendants venait de faire. Tandis que Vettel, Raïkkonen et Hamilton étaient repartis en gommes tendres (comme précédemment), Rosberg et Ricciardo avaient fait le pari contraire (pneus mediums). Dans l’objectif probable de rechausser des tendres pour le final, cependant que leurs adversaires seraient alors contraints de se rabattre sur les mediums, bien moins performants.

johnny rives,sebastian vettel,jules bianchi,grand prix de hongrie f1 2015,dany kvyat,daniele ricciardoC’est alors que l’aileron avant d’Hulkenberg s’effondra (2edéfaillance technique d’importance chez Force India après la suspension cassée de Perez aux essais), remettant tout en cause. A commencer par la course du récent vainqueur des 24 Heures du Mans tout heureux de se tirer sain et sauf de sa mésaventure. Une fois la safety car en piste, tous les retardataires purent rattraper Vettel au ralenti derrière la voiture de sécurité. De plus, tous ceux qui avaient concédé un tour de retard précédemment eurent l’autorisation (légale mais quelque peu contestable) de se dédoubler. Ce dont certains, à l’image de Fernando Alonso, futur et inespéré 5e, tirèrent un avantage colossal et pas forcément mérité.

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Au feu vert, le regroupement derrière Vettel promettait de déclencher une certaine cohue… qui ne manqua pas de se produire en plusieurs épisodes. C’est ainsi que le sympathique Ricciardo, ardent d’effacer un début de saison bien tiède par rapport à ce qu’il avait montré en 2014, bouscula à son corps défendant les deux Mercedes. Au point de les renvoyer à leur stand, Hamilton aileron endommagé, Rosberg pneu arrière crevé – sa propre Red Bull ayant également souffert de ces contacts qui firent surtout le désespoir de Rosberg.

Si un mage avait, samedi soir, prédit à Romain Grosjean que sa Lotus terminerait la course en s’intercalant entre les Mercedes, cela l’aurait sans doute fait sourire, incrédule. C’est pourtant bien ce qu’il réussit finalement, en se classant 7e entre Hamilton et Rosberg. Ce qui le fit également sourire d’ailleurs. Mais cette fois sans ironie.

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About Johnny Rives
« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »
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