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Circuit Dijon-Prenois

Circuit Dijon-Prenois, Prenois, Côte d’Or, le 6 avril 1975

par | Avr 6, 2025 | 3 commentaires

Sur les 4 milliards d’humains sur Terre en 1975, deux au moins font la gueule, François Chambelland et Guy Royer.
Patrice Vatan

Le premier, directeur du circuit Dijon-Prenois, se demande s’il faut annuler la course des 1000 km alors qu’il neige dru à quelques heures des essais du vendredi. Le second, conducteur désigné pour y convoyer une poignée de loustics depuis Paris, est suspendu à la décision du premier.

En ce temps-là, la neige était une constante des courses de début de saison. En ce temps-là le principe de précaution était un concept heureusement inconnu. 

Merveilleux temps ancien qui voit un trait rouge traverser un à-plat immaculé. Toile de Mark Rothko ? Nope, c’est la Fiat 128 Rallye de l’ami Guy qui se fraye un chemin jusqu’au camping de Sombernon blanchi par plaques.

-6° au réveil. Engoncé dans un blouson BMW Motorsport, le col protégé d’une écharpe déjà hors d’âge, le chef piqué d’un bonnet en laine rouge marqué Heuer, sac Elf à l’épaule, grossi d’un sandwich-leurre destiné à tromper tant la faim que mes « collègues » journalistes et leurs drôles de questions, j’ai au mieux l’air de rien, au pire d’un con mais un con accrédité qui arpente le paddock d’un air pénétré. 

Didier Braillon ne résiste pas à me shooter dans ce curieux appareil, ayant agrémenté la photo qu’il me remettrait plus tard d’une légende démontrant un sens aigu de la synthèse dont l’Équipe se féliciterait des années plus tard.

Finie la bataille Matra/Ferrari des années précédentes. Le Championnat du monde des marques se réduit à des Porsche privées, deux Alfa 33 TT 12 officielles, menées ici par Merzario/Laffite et Pescarolo/Bell, et les nouvelles Alpine A 442. Il n’y en a qu’une ce matin sur le circuit de Dijon-Prenois, aux mains de Jabouille et Larrousse ; Lella Lombardi et Marie-Claude Beaumont pilotant l’autre Alpine, une A441 de l’an dernier. 

Tiens, Beltoise…. Avec Jarier ils se partagent une Ligier JS2. Le Patron n’est pas là à prendre Bébel par le cou en lui donnant du « mon copain » : il est à l’hosto, on l’opère d’un rein.

Départ. Dans les S de la Bretelle, c’est là que ça se passe. Merzario sur l’Alfa s’arrache en tête, suivi de Jabouille qui le saute au tour suivant. Alors s’engage une bataille homérique entre le bouillant et minuscule Italien et « Le Grand ». Arturo utilise toute la largeur de la piste, montre le poing comme un chiffonnier, tous phares allumés. Le public est debout.

Je vois passer Laffite sur un Honda Dax le long du chemin bordant les rails, désireux de voir se comporter l’auto dont il prendra le deuxième relais. 07

Tentant de dépasser à la fois Schulthess sur Lola T284 et Jabouille roues dans roues, Arturo se loupe, s’embarque sur le bas-côté, fait voler l’aileron de la Lola et se retrouve troisième derrière Pescarolo. Jabouille est hors de portée, loin devant. 

Mais au 59e tour, son V6 turbo casse. 

Restent 190 tours à se cogner devant un petit train Alfa-Romeo qui perd un de ses wagons avec l’abandon de Pesca au 133e tour. Une victoire qui permettra au moins à Etienne Moity de s’abandonner dans Scratch façon le Canard Enchaîné : Alfa Bravo. 

Pour en savoir davantage :
Championnat du monde des voitures de sport 1975

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About Patrice Vatan
Je suis né à l’automobile entre les jambes de mon père. Mêlés à la poussière soufflée sur la piste de Ain Diab par le vent du large, ce sont des souvenirs quasi post-utérins qui remontent, flashes rouges émis par les Ferrari, les seules auto dont je me souvienne lors du Grand Prix du Maroc 1957, hors championnat mais nullement sans saveur. Vision au ras du sol, comme filmée par Walt Disney lorsqu’il s’adresse aux enfants. Huit ans plus tard une jambe cassée m’envoyait au lit et je dois à la couverture du Sport-Auto de juin 1965 – Jean Guichet sautant dans sa Ferrari 275 P -, que m’avait offert une voisine pour me distraire, ma première vraie émotion automobile à l’état conscient.
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