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Graham Hill

Circuit de Monaco, le 10 mai 1975

par | Mai 14, 2025 | 12 commentaires

Fin d’après-midi de samedi, veille du Grand Prix. Les clameurs se sont tues, sinon les accents western de la bluffante caravane Marlboro qui parcourt la Principauté.
Cloîtré au paddock où j’ai accédé depuis une porte laissée ouverte de l’usine des machines à café Conti qui le surplombe, je tombe sur le quintuple vainqueur du Grand Prix de Monaco qui vient d’échouer à se qualifier pour la première fois de sa carrière : Graham Hill.

Patrice Vatan

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La saison 1975 de Patrice Vatan :
GP de Grande Bretagne 1975
Sur la route de Silverstone 1975
GP de France 1975
GP des Pays Bas 1975
GP de Suède 1975
GP de Belgique 1975
Ontario Circuit fantôme
GP de Pau 1975
GP de Monaco 1975
GP d’Espagne 1975
Montlhéry 1975
Daily Express Trophy 1975
Dijon Presnois 1975
Race of Champions – Tom Pryce 1975

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Guy Royer, non loin, l’immortalise sur acétate. Il avait peu avant photographié ce qui resterait l’une de ses dernières actions en piste, sur le mulet Lola 370.

Graham Hill – Essais GP de Monaco 1975 © Guy Royer

Le double champion du monde est assis devant son motorhome rouge et blanc aux couleurs des cigarettes Embassy. Il annonce d’une voix à peine audible au Nagra brandi par Giorgio Piola que les espoirs de son écurie sont maintenant concentrés sur son nouveau protégé, son jeune compatriote Tony Brise.

Extraordinaire portrait d’un homme qui, a 46 ans, vient de décider de mettre un terme à une série de 176 Grands Prix.

Stupéfiant Graham Hill dont la carrière longue de 18 saisons, entamée en 1958 à l’ère des autos à moteur avant, au volant d’autobus et aux roues de vélos, fait la jonction avec l’époque moderne.

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Seul détenteur absolu de la Triple Couronne, soit le fait de remporter le Grand Prix de Monaco, les 24 Heures du Mans et les 500 miles d’Indianapolis.

Montres Arpiem © Patrice Vatan

Un demi-siècle plus tard, un horloger au goût sûr, Montres Arpiem, créerait un garde-temps lui rendant hommage, auquel je ne saurais résister.

Les clameurs se sont tues.

Allongé sur le lit d’une chambre au rez-de-chaussée de l’hôtel Méditerranée, un palace rococo érigé à Menton au milieu du XIXe siècle, délicieusement suranné, je rêvasse. Des senteurs de citron se faufilent par la fenêtre à demi ouverte.

J’épluche la grille de départ obtenue au bureau de presse, contresignée par celui qui est devenu mon meilleur ennemi, Robert Sobra, depuis qu’il a répondu par une fin de non-recevoir à ma demande d’accréditation.

Courrier de non accréditation © Patrice Vatan

Lauda est en pole, seul sur sa ligne car la grille de départ est décalée. « Nice-Matin » annonce un peu de pluie à l’heure du départ de la course, 15 h 30, ce qui pourrait profiter à Peterson, 4e temps sur l’antédiluvienne Lotus 72, mais efficace sur ce tracé lent.

Niki Lauda – Vainqueur GP de Monaco 1975 © DR

Si l’Autrichien amène sa 312 T au drapeau à damier, Ferrari renouera avec une victoire qui lui échappe ici depuis celle de Maurice Trintignant en 1955…

M’en revient en mémoire la célèbre illustration ornant la couverture du livre de Pétoulet, « Pilote de courses ».

« Pilote de courses » © Patrice Vatan

L’esprit s’emballe comme un cheval sauvage rétif à la logique et la domestication. Il enjambe la grosse journée de demain, s’agrippe à Pau. C’est le week-end prochain. Ai-je bien reçu la confirmation de l’hôtel Béarn ?

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Image © Guy Royer

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About Patrice Vatan
Je suis né à l’automobile entre les jambes de mon père. Mêlés à la poussière soufflée sur la piste de Ain Diab par le vent du large, ce sont des souvenirs quasi post-utérins qui remontent, flashes rouges émis par les Ferrari, les seules auto dont je me souvienne lors du Grand Prix du Maroc 1957, hors championnat mais nullement sans saveur. Vision au ras du sol, comme filmée par Walt Disney lorsqu’il s’adresse aux enfants. Huit ans plus tard une jambe cassée m’envoyait au lit et je dois à la couverture du Sport-Auto de juin 1965 – Jean Guichet sautant dans sa Ferrari 275 P -, que m’avait offert une voisine pour me distraire, ma première vraie émotion automobile à l’état conscient.
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