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Angoulême : Tu y vas pour la BD ?

par | Sep 13, 2019 | 0 commentaires

La chronique de Patrice Vatan du 12/09/2019

Chers vieux remparts d’Angoulême, on vous retrouve chaque année un peu plus infrangibles, un peu plus permanents, érigés par un XIIIe siècle qui savait ce que fortifier signifiait.

Des voitures de course vous tournaient déjà autour alors que la Seconde Guerre mondiale n’était pas encore déclarée. Marcel Contet, mon aïeul, écrasa son clop sur votre dos moussu à l’appel de son nom. Clin d’oeil à son pote Joseph Paul, tous deux sur d’immenses Delahaye 135 qui devaient virer au fenwick devant la cathédrale.

Chers vieux remparts d’Angoulême chauffés par les postérieurs des petites lycéennes qui vous font les témoins de secrets inavouables, brûlés par les glaces de janvier, vous assistez sans tressaillir d’un moellon à l’évolution de la cité que vous êtes censés protéger.
Moins de chevaux, plus d’automobiles ; moins d’usines, davantage d’arcades de jeux ; moins de demoiselles des postes, plus de zombies casqués et guidés dans la vie par un petit appareil sombre greffé au bout de la main. N’auriez-vous pas failli quelque part ?

Chers vieux remparts d’Angoulême, dans une de vos saillies granitiques résonne le rire énorme de Froilán González, l’accent pétoulesque de Maurice Trintignant, la voix irremplaçable de Jean-Louis Mathieu, le très regretté speaker.

Vous êtes élémentaires, intemporels, vous êtes l’Histoire de France inscrite entre vos blocs arrondis par les siècles. Vous êtes tout ce que l’époque rejette, pas vraiment éphémères, peu recyclables, et pis que tout complices d’une course automobile à l’ancienne. Vous êtes l’ancien monde.

On vous ignore tellement que lorsqu’on annonce un voyage à Angoulême, on s’entend demander si on y va pour la BD ?

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About Patrice Vatan
Je suis né à l’automobile entre les jambes de mon père. Mêlés à la poussière soufflée sur la piste de Ain Diab par le vent du large, ce sont des souvenirs quasi post-utérins qui remontent, flashes rouges émis par les Ferrari, les seules auto dont je me souvienne lors du Grand Prix du Maroc 1957, hors championnat mais nullement sans saveur. Vision au ras du sol, comme filmée par Walt Disney lorsqu’il s’adresse aux enfants. Huit ans plus tard une jambe cassée m’envoyait au lit et je dois à la couverture du Sport-Auto de juin 1965 – Jean Guichet sautant dans sa Ferrari 275 P -, que m’avait offert une voisine pour me distraire, ma première vraie émotion automobile à l’état conscient.
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