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F1 2014 : Le billet de Johnny Rives – Allemagne 10

par | Juil 22, 2014 | 11 commentaires

DE L’ACTION, ENCORE DE L’ACTION, TOUJOURS DE L’ACTION !

On était un peu résigné, à la veille du Grand Prix d’Allemagne. A tort. On comptait sur le handicap de Lewis Hamilton pour apporter du piment à l’affaire. On se disait aussi qu’on allait voir si, oui ou non, les plus novices allaient en course damer  le pion à leurs ainés aussi bien qu’ils l’avaient fait en qualification. Mais on était loin de s’attendre à un acte aussi fertile en coups d’éclat, voire en coups d’audace. En deux mots : en coups de théâtre. Ce fut pourtant le cas pour nous offrir le grand prix le plus mouvementé depuis bien longtemps.

                                                Johnny RIVES 

Déjà prometteur avant l’heure, le départ, avec Hamilton en retrait à cause du grave problème de freinage qu’il avait subi en qualification, allongea accidentellement la liste des coureurs à handicap avec, dès le premier virage, outre l’élimination malheureuse de Felipe Massa, le retard imposé à Magnussen et à Ricciardo par l’accident. Deux pilotes vus une fois de plus à leur avantage lors de l’heure décisive du samedi au cours de laquelle on avait remarqué un large mouvement favorable aux plus jeunes. En effet, bien que cela ne fut qu’une demie surprise, Bottas (25 ans) avait dominé son équipier Massa (33) chez Williams, de même que chez McLaren Magnussen (bientôt 22) avait fait mieux que Button (34 ans et demi). Chez Red Bull, Ricciardo (25) avait une nouvelle fois pris le meilleur sur Vettel (27). Même chose chez Toro Rosso où Kvyat (20 ans à peine) s’était montré plus convaincant que J.E. Vergne (24) ainsi que chez Sauber où Guttierez (près de 23 ans) avait fait mieux que Sutil (31).

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 La confirmation en course de ce mouvement de rebuffade fut remise en cause par l’accrochage Massa-Magnussen. Mais cet accident, pour malheureux qu’il fut concernant l’infortuné Massa, ajouta finalement encore plus de piment à la course.

 Bien plus en tout cas que l’absence de FRIC, officiellement expliquée pour des raisons d’économie… évidemment ! Cela en dépit du fait que le FRIC ne signifiait pas « dollars », comme trop souvent en F1, mais Front and Rear Inter Connected ! Un système astucieux permettant jusque là un contrôle précis de « l’assiette » des F1. C’est à dire de leur garde au sol rendue constante entre l’avant et l’arrière que ce soit au freinage (où elles piquent du nez) comme en accélération (où elles se cabrent). Cette constance permet simplement d’éviter toute variation des données aérodynamiques.

 Le succès spectaculaire du G.P. d’Allemagne a trouvé une autre origine que cette absence de « FRIC ». On a constaté qu’avec plus de tolérance accordée aux pilotes pour mener des combats serrés sans risquer une sanction, les « pousse toi de là que je m’y mette » redevenaient monnaie courante comme aux plus beaux jours de la F1 : les contacts Sutil-Hamilton, Kvyat-Perez, furent d’aimables mises en bouche. Car bien plus intenses furent les batailles à trois (Hamilton-Ricciardo-Raïkkonen d’abord puis Vettel-Alonso-Raïkkonen) au cours desquelles de petits morceaux d’ailerons volèrent en tous sens. Autre touchette remarquée, celle ayant opposé Button à Hamilton, lequel s’en excusa peu après ce qui n’empêcha pas Jenson d’accabler Lewis d’une amère critique après la course.

 Ces trois dernières actions se sont produites – et ça n’est  pas un hasard – dans l’une des rares épingles à cheveux du championnat (et une vraie) succédant à une ligne droite où les 300 km/h étaient largement dépassés.

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 L’un des attraits d’Hockenheim réside en ces virages lents succédant à des rectilignes. Et notamment l’épingle. Le seul moyen d’offrir aux pilotes des terrains d’attaque se situe là : en leur proposant des virages TRÈS lents précédés de zones de freinage abordées à très grande vitesse. Important : des zones de freinage LARGES. Cela peut paraître enfantin comme solution, mais c’est pourtant si rare. Hungaroring, Spa, Monza en sont dépourvus pour ce qui est des prochains rendez-vous. A Spa, il y a bien la Source, mais ecette épingle survient après une trop brève ligne droite. A Monza les rectilignes sont nombreuses mais toutes débouchent sur des virages trop rapides (la Roggia, variante Ascari, Parabolique). Redonnez-nous des épingles comme à Hockenheim et l’on aura des attaques, du spectacle.

 On n’achèvera pas ces commentaires sur le G.P. d’Allemagne sans un mot sur Suzie Wolf qui a prouvé qu’une femme – pour peu qu’elle dispose d’une F1 compétitive – est capable de tenir un rôle de qualité dans ce concert habituellement masculin. Suzie a en tout cas renvoyé à ses chères études le Mexicain Sergio Perez qui avait, à Silverstone, dévoilé les limites de ses capacités d’analyse en déclarant à propos de Suzie Wolf (bien malchanceuse pour ses débuts officiels en F1) : « Elle aurait mieux fait de rester dans sa cuisine. »

 Nous espérons la revoir bientôt en action. N’en déplaise à Perez. johnny rives,grand prix d'allemagne 2014

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About Johnny Rives
« Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, à 21 ans, j’avais déjà une petite expérience journalistique. Un an et demi plus tôt j’avais commencé à signer mes premiers « papiers » dans le quotidien varois « République », à Toulon. J’ai envoyé le dernier d’entre eux (paru le 4 janvier 1958) à Pierre About, rédacteur en chef à L’Equipe. Il m’a fait la grâce de me répondre après quoi nous avons correspondu tout au long de mes 28 mois d’armée. Quand je revins d’Algérie, très marqué psychologiquement, il voulut me rencontrer et me fixa rendez-vous au G.P. deMonaco 1960. Là il me demanda de prendre quelques notes sur la course pendant qu’il parlait au micro de Radio Monte-Carlo. J’ignorais que c’était mon examen d’entrée. Mais ce fut le cas et je fus reçu ! Je suis resté à L’Equipe pendant près de 38 ans. J’ai patienté jusqu’en 1978 avant de devenir envoyé spécial sur TOUS les Grands prix – mon premier avait été le G.P. de France 1964 (me semble-t-il bien). J’ai commencé à en suivre beaucoup à partir de 1972. Et tous, donc, dès aout 1978. Jusqu’à décembre 1996, quand les plus jeunes autour de moi m’ont fait comprendre qu’ils avaient hâte de prendre ma place. C’est la vie ! Je ne regrette rien, évidemment. J’ai eu des relations privilégiées avec des tas de gens fascinants. Essentiellement des pilotes. J’ai été extrêmement proche avec beaucoup d’entre eux, pour ne pas dire intime. J’ai même pu goûter au pilotage, qui était mon rêve d’enfance, ce qui m’a permis de m’assurer que j’étais plus à mon aise devant le clavier d’une machine à écrire qu’au volant d’une voiture de compétition ! Je suis conscient d’avoir eu une vie privilégiée, comme peu ont la chance d’en connaître. Ma chance ne m’a pas quitté, maintenant que je suis d’un âge avancé, puisque j’ai toujours le bonheur d’écrire sur ce qui fut ma passion professionnelle. Merci, entre autres, à Classic Courses. »
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